"Il MESSAGERO POESIE JS,
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tout simplement JS
1786?-1866
Son père, Schweabe, était un noble Suquamish de Agate Pass et
sa mère, Sholitza, était Duwamish de lower Green River. D'après
certains chercheurs il serait né en 1786 à Blake Island, une
petite île au sud de Brainbridge Island, pendant les terribles épidémies,
héritage des pionniers blancs, qu'anéantissaient les populations
indigènes.
Quand il avait 20 - 25 ans Seattle est nommé chef de six tribus, titre
que lui fut reconnu jusqu'à sa mort.
Après la mort d'un de ses fils (d'un second mariage, sa première
femme meurt à la naissance de leur fille Angelina), il est baptisé par
l'église catholique, probablement par des pères oblats (dans
les registres il est inscrit comme Noë Siattle) Ses autres enfants furent également
baptisés.
Seattle est le porte-parole pendant les négociations (commencées
en 1854) et le signataire avec d'autres chefs indiens, du traité de
paix de Point Elliott - Mukilteo (1855) que cédait 2.5 millions d'acres
de terre au gouvernement des Etats Unis et délimitait le territoire
d'une réserve pour les Suquamish.
Comment pouvez-vous acheter ou vendre
le ciel, la chaleur de la terre ?
L'idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons
pas la fraîcheur de l'air et le miroitement de l'eau, comment est-ce
que vous pouvez les acheter ?
Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple.
Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de
brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement
d'insecte sont sacrés dans le souvenir et l'expérience de mon
peuple.
La sève qui coule dans
les arbres transporte les souvenirs de l'homme rouge.
Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu'ils
vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n'oublient jamais cette
terre magnifique, car elle est la mère de l'homme rouge. Nous sommes
une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées
sont nos soeurs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères.
Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du
poney, et l'homme, tous appartiennent à la même famille.
Aussi lorsque le Grand chef à Washington envoie dire qu'il veut acheter
notre terre, demande-t-il beaucoup de nous. Le Grand chef envoie dire qu'il
nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre
confortablement entre nous. Il sera notre père et nous serons ses
enfants. Nous considérons donc, votre offre d'acheter notre terre.
Mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée.
Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières
n'est pas seulement de l'eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous
vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu'elle est sacrée
et que chaque reflet spectral dans l'eau claire des lacs parle d'événements
et de souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l'eau est la voix
du père de mon père.
Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre
soif. Les rivières portent nos canoës, et nourrissent nos enfants.
Si nous vous vendons notre terre, vous devez désormais vous rappeler,
et l'enseigner à vos enfants, que les rivières sont nos frères
et les vôtres, et vous devez désormais montrer pour les rivières
la tendresse que vous montreriez pour un frère. Nous savons que l'homme
blanc ne comprend pas nos moeurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la
suivante, car c'est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la
terre ce dont il a besoin. La terre n'est pas son frère, mais son
ennemi, et lorsqu'il l'a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe
de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses
enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine
de ses enfants tombent dans l'oubli. Il traite sa mère, la terre,
et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller,
vendre comme les moutons ou les perles brillantes.
Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu'un désert.
Il n'y a pas d'endroit paisible dans les villes de l'homme blanc. Pas
d'endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement
des ailes d'un insecte. Mais peut-être est-ce parce que je suis un
sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter les oreilles.
Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l’homme ne
peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les palabres des
grenouilles autour d'un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et
ne comprends pas. L'Indien préfère le son doux du vent s'élançant
au-dessus de la face d'un étang, et l'odeur du vent lui-même,
lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon.
L'air est précieux à l’homme rouge, car toutes choses
partagent le même souffle
La bête, l'arbre, l'homme. Ils partagent tous le même souffle.
L'homme blanc ne semble pas remarquer l'air qu'il respire. Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l'air nous est précieux, que l'air partage son esprit avec tout ce qu'il fait vivre. Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir. Et si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit où même l'homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés. Nous considérerons donc votre offre d'acheter notre terre. Mais si nous décidons de l'accepter, j'y mettrai une condition : l'homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères.
Je suis un sauvage et je ne connais
pas d'autre façon de vivre.
J'ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés
par l'homme blanc qui les avait abattus d'un train qui passait. Je suis un
sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être
plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister.
Qu'est-ce que l'homme
sans les bêtes?.
Si toutes les bêtes disparaissaient, l'homme mourrait d'une grande
solitude de l'esprit. Car ce qui arrive aux bêtes, arrive bientôt à l'homme.
Toutes choses se tiennent.
Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu'ils foulent est fait
des cendres de nos aïeux. Pour qu'ils respectent la terre, dites à vos
enfants qu'elle est enrichie par les vies de notre race. Enseignez à vos
enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre
est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils
de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes.
...
Nous savons au moins ceci : la terre n'appartient pas à l'homme; l'homme
appartient à la terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent
comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent.
Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre.
Ce n'est pas l'homme
qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement
un fil. Tout ce qu'il fait à la trame, il le fait à lui-même.
Même l'homme blanc, dont le dieu se promène et parle avec lui
comme deux amis ensemble, ne peut être dispensé de la destinée
commune. Après tout, nous sommes peut-être frères. Nous
verrons bien. Il y a une chose que nous savons, et que l'homme blanc découvrira
peut-être un jour, c'est que notre dieu est le même dieu. Il
se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez
posséder notre terre, mais vous ne pouvez pas. Il est le dieu de l'homme,
et sa pitié est égale pour l'homme rouge et le blanc. Cette
terre lui est précieuse, et nuire à la terre, c'est accabler
de mépris son créateur. Les Blancs aussi disparaîtront
; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez
votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.
Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du
dieu qui vous a amenés jusqu'à cette terre et qui pour quelque
dessein particulier vous a fait dominer cette terre et l'homme rouge.
Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d'hommes, et la vue des collines en pleines fleurs ternie par des fils qui parlent.
Où est
le hallier ? Disparu. Où est l'aigle ? Disparu.
La fin de la vie, le début de la survivance.
Chef Seattle, 1854